Bonheur et argent

L’argent ne fait pas le bonheur.
Je m’interroge. Cette phrase peut-elle être prononcée par une personne rongée par la pauvreté ? Une personne endettée jusqu’au cou, une personne ayant du mal à se nourrir correctement, une personne vivant dans la peur permanente de l’expulsion de son domicile ou encore une personne sacrifiant toutes ses journées dans un travail pénible et usant pour n’avoir à peine de quoi vivre. ? Et moi, serais-je capable de prononcer sincèrement cette phrase ?

À vrai dire, la frustration de ne pas avoir assez d’argent est trop présente en moi pour pouvoir le faire. Pourtant, je sens bien qu’au fond, il y a du vrai dans ces mots.
Moi-même, disposant de l’eau courante, de l’électricité et d’un toit solide au-dessus de ma tête, ne suis-je pas riche, très riche, comparé à d’autres dans le monde ? Et tous ceux que je vois comme riche, se sentent-ils vraiment riches ? Est-ce que l’un d’entre eux s’est déjà dit « sa y-est, maintenant j’ai assez d’argent pour être heureux, je n’ai pas besoin de plus » ?
La quête de richesse a-t-elle seulement une fin ? Ou nous plonge-t-elle toujours plus profondément dans l’insatisfaction et la frustration permanente ? Est-elle un chemin vers le bonheur ou une descente dans les ténèbres ?

Avoir sans cesse besoin de plus, n’est-ce pas finalement l’aveu d’un profond mal-être ? Incapable d’apprécier les choses, notre monde, notre corps, notre présent, notre vie, nous camouflons cette faiblesse, cette tristesse dans la possession de biens matériels toujours plus nombreux et plus chers. Et si l’argent n’était qu’un leurre ? Qu’un moyen de se détourner quelques instants du véritable problème, une vaine tentative de le fuir, de l’oublier. Et si l’argent n’était au fond, qu’une drogue comme les autres ?

Avoir plus, dépenser, fumer, acheter, boire, se droguer, fuir… Fuir son mal-être, fuir sa tristesse. Quels sont les dégâts qu’a causé notre avidité chronique, à nous-même et à notre planète ? Et si tout était une question de dosage, d’équilibre. Avoir de l’argent, car cela est nécessaire, mais avoir juste ce qu’il faut pour pouvoir s’épanouir sans tomber dans le manque, dans l’addiction.

Je crois que le plus grand défi de l’humanité est de se libérer de cette insatisfaction qui nous ronge et d’apprendre, enfin, à être heureux. Maintenant.

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